HAÏTI / INSÉCURITÉ

La POHDH redoute un carnage

Depuis le début de la semaine, la population de plusieurs quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince décide de renverser la vapeur en prenant pour cible les hommes armés qui sèment la terreur dans leurs localités respectives. Ainsi, plusieurs présumés bandits ont déjà été tués. Des défenseurs des droits humains disent craindre que la situation ne devienne incontrôlable.

La situation sécuritaire qui prévaut dans le pays a pris une autre tournure depuis lundi 24 avril 2023, quand des citoyens, au niveau de Canapé-Vert, ont lapidé puis brûlé près de 14 présumés bandits, interceptés par des policiers affectés au sous-commissariat de la zone. Les habitants de plusieurs autres quartiers tels que Carrefour feuilles, Turgeau, Thomassin ont également changé la donne en traquant des malfrats qui les terrorisaient.

 

Une justice expéditive qui prend de plus en plus d’ampleur. Rien qu’à Thomassin, une localité de la commune de Pétion-Ville, au moins 4 présumés bandits ont été tués à coups de pierres et de manchettes. Ces derniers seraient membres du gang qui était sous la gouverne de Carlo Petit-Homme, dit « Timakak », tué récemment lors d’échanges de tirs avec les forces de l’ordre, avait confirmé l’institution policière.

 

Des défenseurs des droits humains se disent très préoccupés par cette chasse aux bandits qui se poursuit dans certains quartiers. « Nous sommes extrêmement préoccupés par rapport à ce qui se passe actuellement dans le pays. C’est un affrontement qui peut déboucher sur un carnage, car les bandits ont en leur possession des armes de guerre alors que la population assure leurs défenses avec des pierres, bâton et machette », explique Alermy Pierrevilus, responsable de la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH).

 

De son côté, Me Jean Ronel Sistanis, de l’Observatoire haïtien des droits humains (OHDH) salue ce réveil populaire,  qui selon lui est plus que nécessaire compte  tenu du contexte actuel, du fait que les forces de l’ordre ont montré à maintes reprises leurs faiblesses à endiguer le phénomène de l’insécurité et que les autorités étatiques ne manifestent, dit-il, aucune volonté réelle de reprendre le contrôle de la situation en maîtrisant les gangs armés.

 

Cependant, l’homme de loi déplore la proportion qui prend la situation qui risque, selon lui, de provoquer un bain de sang dans le pays. En ce sens, M. Sistanis appelle les dirigeants à assumer leurs responsabilités afin d’éviter le pire pendant qu’il est encore temps.

 

Esdra Jeudy

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