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Pierre Manent: «Ne confondons pas le christianisme avec la religion de l’humanité»

Pierre Manent, philosophe. FC

GRAND ENTRETIEN - Le philosophe participe, le 6 février, à un colloque de l’Académie catholique de France sur le thème «Christianisme et migrations (1)». Dans cette perspective, il livre une réflexion de haut vol sur le malaise qu’éprouvent de nombreux chrétiens face à l’immigration, déchirés entre le devoir de charité et le droit des peuples à la continuité historique. Il se montre critique envers les injonctions du pape François à une fraternité universelle qui abolirait les frontières.

LE FIGARO. - L’Académie catholique de France organise samedi prochain 6 février un colloque en ligne consacré au thème «Christianisme et migrations». Entre le devoir de charité et le droit des peuples à la continuité historique, les chrétiens sont souvent traversés par des injonctions contradictoires. Pourquoi vous semble-t-il important de répondre à ce malaise? Est-il récent?

Pierre MANENT. - Le malaise des chrétiens est un aspect du malaise général des citoyens européens, confrontés non seulement à un déclassement de leurs nations dans l’échelle des puissances, mais à une perte de confiance dans la légitimité et le sens même de la forme de vie que la nation abrite. Le droit des peuples à la continuité historique dont vous parlez ne fait précisément pas partie des droits de l’homme tels qu’ils sont aujourd’hui compris et garantis et qui ne veulent connaître que l’individu d’un côté, l’humanité de l’autre. Attachés à leurs nations dans la vie desquelles le christianisme a joué un si grand…

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21 commentaires
  • Mille sabords !

    le

    Merci à Pierre Manent pour cette synthèse tout à la fois réfléchie et de bon sens. Et merci pour avoir le courage d'employer encore des mots tels que évangile, christianisme, Église, qui à notre époque laïcarde sont devenus des gros mots dans le paysage médiatique. Je voudrais rappeler que dans le Pentateuque, ce qui revient sans cesse est la commémoration de la promesse de Dieu faite à Moïse de faire sortir son peuple de la servitude de l'Egypte et de le conduire dans un pays bien à lui, où couleront le lait et le miel. En Europe, le lait et le miel sont certes dus à l'origine à la géographie, plus fertile que le désert du Sinaï. Mais ils sont aujourd’hui largement le fruit du travail de l'homme, grâce au développement d'une civilisation qui fut complètement irriguée par le christianisme. Le Pentateuque et les prophètes rappellent aussi que le lait et le miel ne continueront à couler que tant que le peuple élu respectera les commandements de Dieu. Sinon, malédiction, malheurs et déportation... Pour en venir à la question des migrants, si le Pentateuque appelle à bien traiter le résident, c'est à dire pour employer le langage d'aujourd'hui l'immigré en situation régulière qui observe les us et coutumes du pays d'accueil, il n'oblige pas à faire entrer dans votre maison celui qui veut tout casser en criant Allah akbar. Il semble manquer dans notre dispositif politique une charte par laquelle le migrant accueilli s'engage à se conformer aux us et coutumes de la maison...

  • Kiwala xxxxx

    le

    " le droit des migrants d’accéder aux pays où ils souhaitent vivre et donc l’obligation pour nos nations de les accueillir" Donc, si le "migrant" veut venir vivre dans la maison que j'ai construite de mes mains, je dois l'accueillir ?
    Et si 10 migrants souhaitent venir vivre chez moi alors que ma maison n'offre pas suffisamment de place, je dois la leur laisser et m'en aller ? Étonnante phrase, qui simplifie sans doute à outrance ce que dit le pape, mais tout de même : il est curieux d'y lire que le "droit" est du côté de celui qui "souhaite" et l'"obligation" du côté de celui qui "accueille", et il y manque le complément : le devoir du migrant et le droit de celui qui accueille. Entre doctrine et réalité politique.

  • Codesecret

    le

    Charité, compassion, oui. Mais les migrants devraient avoir conscience des problèmes d'accueil que posent leurs arrivées massives.

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