Strasbourg : la mairie écologiste veut dégenrer les cours d'écoles, voici comment

Tendre vers une égalité entre filles et garçons ainsi qu'un meilleur partage de l'espace au sein des cours de récré, c'est l'objectif que se fixe la mairie EELV de Strasbourg.

Strasbourg : école Branly cour enfants masque Covid-19
La maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian, lors d’un point d’étape sur la végétalisation des cours d’école. (©Ivan Capecchi / Actu Strasbourg)
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La majorité EELV de Strasbourg veut profiter de sa politique de végétalisation des cours d’écoles, initiée en 2020, pour les dégenrer et tendre vers une égalité entre filles et garçons, ainsi qu’un meilleur partage de l’espace public dès le plus jeune âge.

Pourquoi et comment ? Nous avons posé la question à Christelle Wieder, adjointe en charge des droits des femmes et de l’égalité des genres et à Hülliya Turan, en charge de l’éducation et de l’enfance.

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Végétaliser les cours de récré et « repenser les rapports filles-garçons »

Depuis le début de son mandat, la municipalité travaille à la végétalisation des cours d’écoles et de crèches.

En 2020, six écoles dans trois groupes scolaires ont déjà fait l’objet de travaux de végétalisation. En 2021, ce sont sept écoles et crèches qui verront leur cours végétalisées.

Cette politique est vue comme un moyen de lutter contre les ilots de chaleur urbains mais aussi, comme l’expliquait Hülliya Turan lors d’un point d’étape en juin dernier, de « repenser les rapports entre filles et garçons ».

« Aujourd’hui, il faut que les filles et les garçons puissent avoir l’espace à leur disposition de manière égale. [Cela les] aidera à avoir de meilleurs liens […] et [permettra] qu’il n’y ait pas que des jeux entre filles et des jeux entre garçons », expliquait-elle.

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Favoriser les jeux qui incitent à la coopération

« Ce qu’on constate d’une façon assez invariable, c’est qu’il y a, [dans les cours de récré], une domination d’un groupe de garçons, qui incarne un peu la masculinité hégémonique, au détriment des autres élèves », affirme Christelle Wieder.

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« On [observe souvent] un espace central occupé par les jeux de ballons et des enfants qui sont obligés de se répartir sur les marges de la cour de récré, et donc de composer avec l’espace qui leur est laissé », développe-t-elle. 

« Au travers de ces aménagements, il s’agit de briser le classique terrain de sport au milieu – et donc de ne plus en faire un espace central, ce qui n’empêche pas d’avoir une pratique sportive -, pour proposer des jeux qui invitent à la coopération ou éviter de proposer des jeux qui seraient trop facilement identifiés ou considérés comme pour filles ou pour garçons », poursuit celle qui est, par ailleurs, professeur en collège.

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Des cours genrées, vraiment ?

Lors du même point d’étape sur la végétalisation des cours d’écoles évoqué plus haut, Actu Strasbourg avait interrogé une directrice d’école maternelle qui, bien qu’enthousiasmée par le verdissement de sa cour, expliquait n’avoir jamais constaté, jusqu’ici, de « cour genrée ». « Les enfants sont mélangés, ça n’était pas une question pour nous », témoignait-elle. 

« Se poser la question de savoir s’il y a des inégalités filles-garçons dès l’âge de trois ans présuppose d’avoir une approche scientifique documentée », pointe Nicolas Matt (LReM), conseiller municipal membre du groupe d’opposition Strasbourg Ensemble.

« Je ne trouve pas sain le fait de se baser sur des a priori pour mener une politique de « dégenrisation » des cours d’école, qui laisse supposer que les Strasbourgeois seraient d’horribles machistes dès l’âge de trois ans », enfonce-t-il. 

La Ville, elle, dit s’appuyer sur des études universitaires, et notamment sur les travaux de la chercheuse Édith Maruéjouls-Benoit, spécialiste de la géographie du genre.

« Un tel sujet mériterait un travail de recherche en coopération avec l’université de Strasbourg et la Ville pour faire un constat sérieux et savoir quelle politique fine mener », conclut M. Matt.

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« Cela part d’une bonne intention mais… »

« Cela part d’une bonne intention mais, ce n’est pas parce qu’on repense la cour de récréation, que filles et garçons se mélangeront naturellement : ils trouveront toujours un moyen de reformer des groupes », réagit, de son côté, Xavier Schneider, président de la fédération de parents d’élèves FCPE 67, interrogé par Actu Strasbourg.

« Par ailleurs, si des activités spécifiques sont mises en place lors des moments de récréation, justement pour inciter filles et garçons à jouer ensemble, il faut impérativement qu’elles soient encadrées par des personnes formées et qualifiées », ajoute-t-il.

A ce propos, la municipalité dit être « en train de rechercher des personnes qui pourront accompagner les équipes pédagogiques et les élèves dans la réflexion sur un usage plus égalitaire des cours de récré ». 

Concrètement, un prestataire extérieur (cabinet de conseil, association…) sera chargé de dispenser des formations, aux équipes pédagogiques en priorité, afin de « mieux comprendre ce qui se joue dans la cour et apporter des mesures ou idées qui favorisent la mixité », détaille Mme Wieder.

« Avant de repenser les cours de récré, il faudrait peut être envisager la solution éducative et mettre l’accent sur des cours d’éducation civique, qui soient adaptés aux primaires », estime enfin M. Schneider.

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