L’équipe de «Charlie Hebdo» protégée par 85 policiers : «On est des cibles, des gibiers», raconte l’un d’eux

Cinq ans après les attentats, la rédaction de l’hebdomadaire satyrique est toujours menacée et bénéficie d’une importante protection policière. Témoignage de l’un de ces fonctionnaires spécialisés.

 Le 7 janvier 2015, au pied de l’ancien siège de « Charlie Hebdo ».
Le 7 janvier 2015, au pied de l’ancien siège de « Charlie Hebdo ». AFP/Martin Bureau

    Il travaille depuis quelques années au Service de la protection (SDLP) et sa mission depuis plusieurs mois est de protéger les membres de la rédaction de « Charlie Hebdo ». Depuis le début du procès des attentats de janvier 2015, environ 85 policiers entourent les journalistes et dessinateurs de l'hebdomadaire satirique. Kévin (le prénom a été changé) est l'un de ces fonctionnaires que l'on peut apercevoir dans les coursives du tribunal judiciaire : costume strict, oreillettes transparentes et, au revers de la veste, un pin's sur lequel figure une rose des vents sur fond bleu, blanc, rouge, l'emblème de leur service.

    Depuis que « Charlie Hebdo » a republié les caricatures de Mahomet pour marquer l'ouverture du procès début septembre, la menace terroriste, toujours présente depuis dix ans, s'est intensifiée. Si bien que Marika Bret, la directrice des ressources humaines du journal, a annoncé avoir été exfiltrée de son domicile en début de semaine. « Lundi 14 septembre, mes officiers de sécurité ont reçu des menaces précises et circonstanciées. J'ai eu dix minutes pour faire mes affaires et quitter mon domicile. Dix minutes pour abandonner une partie de son existence, c'est un peu court, et c'est très violent. Je ne reviendrai pas chez moi », a-t-elle confié au journal Le Point.

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