LAÏCITÉ- Une enseignante qui reprochait à cinq élèves de ne pas avoir respecté la minute de silence lors de l'hommage à Samuel Paty "devrait avoir une protection fonctionnelle", a annoncé le ministre de l'Éducation nationale ce dimanche.
Une enseignante toulousaine qui disait se sentir en "danger" verra son dossier traité avec une "attention particulière". Invité ce dimanche 10 janvier du Grand Jury, le ministre de l'Éducation nationale a été interrogé sur le cas de la professeure d'histoire-géographie Fatiha Agag-Boudjahlat. Mercredi dernier elle demandait en effet la "protection fonctionnelle" après avoir reproché publiquement à cinq élèves de ne pas avoir respecté la minute de silence lors de l'hommage à Samuel Paty. Une requête qui devrait lui être accordée, a annoncé Jean-Michel Blanquer.
Une "situation surréaliste"
Après l'assassinat sanglant du professeur Samuel Paty, décapité pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet, le monde de l'Éducation nationale reste profondément meurtri. Et parfois divisé. À Toulouse notamment une professeure a reproché le 2 novembre sur Twitter à certains élèves "venant de l'étranger" de ne pas avoir respecté la minute de silence, ajoutant qu'ils doivent "comprendre qu'elles sont liées à nos valeurs". Des propos qui lui ont valu l'ire de certains syndicats minoritaires, qui ont même évoqué une "délation".
🗣 @jmblanquer sur les signalements d'élèves qui n'ont pas respecté la minute de silence en hommage à #SamuelPaty : "Pour tous les faits qui ont été signalés, nous agissons avec des équipes qui viennent dans les établissements pour prêter main forte." 📺 #LeGrandJury sur #La26 . pic.twitter.com/CSTnAsRBPa — LCI (@LCI) January 10, 2021
Dans une lettre ouverte adressée au recteur de l'académie de Toulouse et au président du conseil départemental, les syndicats Sud Éducation 31-65 et CGT Educ'Action 31 se sont en effet insurgés contre cette initiative. Ils reprochent notamment à cette "très médiatique enseignante d'un collège de Toulouse", de tenir des propos qui relèvent "d'une stigmatisation et d'une discrimination", et "distordent la réalité des faits". Selon les syndicats, ils ne "respectent" pas non plus "l'obligation de discrétion professionnelle qui impose de ne pas utiliser publiquement des informations connues dans l'exercice de ses fonctions".
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Face à cette action, l'enseignante s'est exprimée dans les médias locaux, sentant être prise pour "cible". Et annonçant vouloir "demander la protection fonctionnelle au recteur de l'académie". "Eux me mettent en danger. Eux qui participent au séparatisme dans notre pays me reprochent en fait mes prises de position laïques et républicaines."
Une situation "surréaliste" aux yeux de Jean-Michel Blanquer, d'autant plus "sur un sujet pareil". "C'est proprement hallucinant", a-t-il lancé sur LCI, assurant que cette professeure devait au contraire disposer de "toute [sa] protection".