Les femmes et les filles constituent la majorité des 3,7 milliards de personnes qui ne sont toujours pas connectées à internet. Puisque la pandémie de Covid-19 a accéléré la transition numérique, c’est autant de femmes et de filles désavantagées face à la digitalisation de l’éducation, de l’emploi, des services publics, des systèmes de gouvernance, des communications, des structures de production et de consommation…

Plus concrètement, sans un accès direct aux services sociaux ou bancaires en ligne, aux opportunités commerciales du e-commerce, aux espaces de socialisation ou encore aux informations, leurs chances de réussite resteront moindre, surtout dans un monde en constant bouleversement (crises humanitaires, dérèglement climatique, conflits…). Tant que la fracture numérique subsistera durablement entre les genres, elle continuera d’entraver l’apport équitable des bénéfices pour les femmes et les filles.

D’autant plus que les inégalités liées aux nouvelles technologies ne se mesurent pas qu’en termes d’accessibilité. À cet indicateur s’ajoute aussi la qualité et le coût de la connexion internet et de l’appareil, le niveau de compétences numériques requis, la pertinence du contenu et des services à disposition ou encore la sécurité en ligne de l’utilisateur·trice. En effet, les possibilités croissantes créées par le digital doivent être pensées par et pour les besoins et priorités des femmes car le développement technologique s'accompagne malheureusement d’abus que nous devons combattre, telles que les cyberviolences sexistes et sexuelles. La sécurité, avec l’accessibilité, les compétences et l'alphabétisation, se révèlent ainsi être les trois plus importants facteurs auxquels se heurtent les femmes.

Dans ce contexte, comment faire en sorte que les femmes et les filles ne soient pas exclues ou victimes du numérique ? ONU Femmes agit pour favoriser leur pleine inclusion dans l’usage et la conception des outils, notamment à travers les formations et les métiers du numérique, tout en s'attaquant aux stéréotypes, pratiques et normes enracinés, à l’origine de nombreuses discriminations à leur encontre. L’innovation et les technologies constituent un moteur de changement apte à accélérer les progrès pour les droits des femmes, si, et seulement si, elles ne reproduisent et n’amplifient pas en leur sein les schémas existants d'inégalité entre les genres. Alors, il s’agira d’un véritable levier décisif en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes à la vie économique, sociale et politique.

Fanny Benedetti, Directrice exécutive d’ONU Femmes France