Le père Noël et les ordures

Le grand Port-au-Prince croule littéralement sous les déchets. Questionnée sur l'état des rues, une source proche du ministère des Travaux publics met cette exécrable situation sur le compte de l'insécurité ambiante. Les dernières pluies n'ont pas manqué de malmener la dernière faible couche de bitume déposée lors d’une des rares interventions sur nos routes improbables.

Toutefois, la ville sort de sa torpeur malgré une situation économique et sécuritaire intenable. Les rues grouillent d'une foule agitée et bigarrée, décidée à «chercher la vie», comme une défiance aux charognards qui tournent inlassablement autour de nos têtes et prêts à plonger sur leur proie. Des scènes dénotant l’art des Haïtiens à résister au malheur : spectacles culturels programmés contre toute attente, restaurants aux portes mi-closes assurant le service minimum, marchandes de légumes dévalant les pentes érodées de nos mornes pour aller vendre leurs denrées aux marchés de Kenskoff ou de Pétion-Ville, etc.

Tout ce beau monde «résilient» a droit à un peu de dignité. Les coins de rue de la ville méritent un coup de propre. Nous n'avons encore rien entendu en ce qui concerne les dispositions spéciales adoptées pour la fin d'année dans les domaines de la sécurité et de l'assainissement.

Il est certain qu'aujourd'hui le défi urbain est plus grand en raison de la réduction des espaces de vie. La concentration des habitants dans des quartiers surpeuplés augmente la quantité de détritus et la promiscuité. Les marchés publics n'ont plus d'aires réservées depuis de nombreuses années. De nos jours c'est pire. On ne vit pas ensemble, on vit assemblés !

La question des fatras doit enfin être posée de manière rationnelle et une opération ville propre est à envisager dans le cadre d'un partenariat public-privé. Il existe des initiatives dans ce sens qui attendent d’être concrétisées. Cela devrait se faire au plus vite, car la propreté permet non seulement de contrôler, mais de prévenir la propagation des maladies. Un critère de choix pour le tourisme aussi, serait-on tenté d’ajouter à la liste des bienfaits, mais ce secteur n’existe plus depuis belle lurette, mis à mort par les caïds du crime organisé.

 

Roody Edmé

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