Dommages irréversibles – L’engouement transgenre qui séduit nos filles

Collectif Ypomoni – Pour une approche éthique des questions de genre (Ypomoni@protonmail.com)

Voici une note de lecture totalement subjective et partielle que nous a fait parvenir le Collectif français Ypomoni. Elles ont parcouru l’ouvrage IRREVERSIBLE DAMAGE de l’Étatsunienne Abigail Shrier, et détaillé au bénéfice des lectrices et lecteurs ce qui leur paraît plus important, dans un second temps.

DEVENU UN BESTSELLER DEPUIS SA PARUTION, CE LIVRE IMPORTANT SUR CE QUE VIVENT BEAUCOUP DE JEUNES FILLES EST MALHEUREUSEMENT BOYCOTTÉ PAR PLUSIEURS LIBRAIRES SOUS PRESSION DU LOBBY TRANSACTIVISTE.

Publié chez Regnery Publishing et diffusé par Amazon, il est maintenant disponible en français, publié par les Éditions du cherche-miidi,

Table des matières
Introduction La contagion : ……………………………………………………………………………………………………… 3
Chapitre 1 : Les filles…………………………………………………………………………………………………………..…….. 4
Chapitre 2 : L’énigme :…………………………………………………………………………………………………….……….. 5
Chapitre 3 : Les influenceurs……………………………………………………………………………………………………. 7
Chapitre 4 : Les écoles…………………………………………………………………………………………………………….. 7
Chapitre 5 Les pères et les mères…………………………………………………………………………………………… 9
Chapitre 6 Les psys……………………………………………………………………………………………………………….. 10
Chapitre 7 : Les dissidents………………………………………………………………………………………………..…… 12
Chapitre 8 : Les promus et les déchus………………………………………………………………………………..… 14
Chapitre 9 : La transformation …………………………………………………………………………………………….. 16
Chapitre 10 : Le regret……………………………………………………………………………………………………..…… 18
Chapitre 11 : Le retour …………………………………………………………………………………………………..…….. 19

Introduction – La contagion :
Shrier part de l’exemple de Lucy, fille d’une avocate dans le Sud des Etats-Unis. La petite fille était intellectuellement précoce, a eu ses règles assez tôt, et a développé des troubles anxiodépressifs à l’adolescence. C’est en arrivant à l’Université qu’elle a, avec plusieurs camarades de classe, mis un mot sur ce qu’elle ressentait : la dysphorie de genre. Elle a changé de pronom et d’apparence. Shrier affirme que la première différence notable entre ces adolescentes et les personnes trans de la génération précédente est l’aspect social. Les personnes trans étaient assez solitaires, qui ne souhaitaient pas particulièrement être encouragées ou être vues. Elles veulent avoir un bon « passing » et vivre comme tout un chacun. Les adolescentes dont il sera question dans le livre semblent prendre cette transidentité comme une chance de commencer une nouvelle vie sociale, moins frustrante.

Suit un paragraphe sur le premier amendement et la liberté d’expression, les lois en Californie et dans l’État de New York qui pénalisent les thérapeutes qui ne genrent pas correctement leurs patients.

Lucy devient agressive avec ses parents, les traite de transphobes et reconstruit son histoire, celle
d’une personne qui s’est toujours sentie trans.

La dysphorie de genre est définie par Shrier comme un inconfort sévère et persistant dans son sexe biologique. Cela peut commencer dans la petite enfance, entre 2 et 4 ans, et ensuite se développer à l’adolescence. Dans la plupart des cas (70 %) cette dysphorie disparait. Cela touchait 0,01 % de la population et jusqu’en 2012 il n’y aucune publication scientifique sur des cas de dysphorie de genre touchant des filles entre 11 et 21 ans.

En 10 ans cela a changé de manière impressionnante et Shrier tente de trouver des explications à ce brusque changement.

Après l’histoire de Lucy, Shrier a publié une tribune dans le Wall Street Journal où elle est éditorialiste « Quand votre fille défie la biologie ». Cette tribune a déclenché un afflux de courriers de parents qui vivaient une situation similaire. Un écrivain trans, Jennifer Finley Boylan, a répliqué par un éditorial publié par le NY Times. Quand les activistes trans l’ont attaquée, Shrier leur a proposé de la joindre à elle et de raconter leur histoire. Ce livre est construit à partir de ces témoignages, de deux cents entretiens et d’échanges avec environ 40 familles d’adolescentes. Le livre s’appuie sur les témoignages de parents. Comme la dysphorie de genre classique commence dans l’enfance, ils sont aux premières loges pour savoir si la dysphorie de genre est celle classiquement connue, qui commence dans l’enfance, ou un nouveau phénomène. Ils ne peuvent pas dire comment leurs enfants adolescents se sentent, mais ils peuvent donner des informations sur leur scolarité, leur mode de vie, leur stabilité financière, leurs succès et leurs échecs sociaux.

Elle insiste sur la différence entre les personnes transgenres qui ont de plus en plus de droits – et c’est une bonne chose – et ces jeunes filles qui se disent trans.

Le phénomène qui touche les filles ados est différent. Il prend sa source sur Internet, souvent avec des camarades ; cela permet de se libérer d’une partie de leur anxiété, d’accéder à leur besoin d’être acceptées, d’expérimenter le frisson de la transgression, et l’excitation d’appartenir à un groupe.

Le problème est que le prix à payer est un traitement hormonal à vie et un corps parfois mutilé pour s’être, pendant quelques temps, conformé à une conviction.

Chapitre 1 : Les filles

L’autrice part de sa propre adolescence, où les jeunes se retrouvaient au centre commercial pour faire passer le temps.

Aujourd’hui les adolescent-e-s échangent majoritairement en ligne. Shrier cite les chiffres des
grossesses adolescentes qui ont chuté fortement ces dernières années pour illustrer cette baisse des contacts physiques entre adolescents.

Ils sont plus tolérants, plus ouverts, mais très seuls. Entre 2009 et 2017, le nombre d’adolescents qui ont pensé au suicide a augmenté de 25 %. Les dépressions adolescentes diagnostiquées entre 2005 et 2014 ont augmenté de 37 %, trois fois plus chez les filles que chez les garçons. Les cas d’automutilation ont augmenté dans des proportions encore plus importantes. Jonathan Haidt relie directement cette crise aux réseaux sociaux.

Shrier relie cela à l’apparition des portables. Avant, la beauté de la classe à l’école incarnait l’idéal; maintenant les adolescentes ont un accès constant à des milliers de beautés qui leur paraissent inégalables.

Les parents sont rassurés par ces jeunes qui ne prennent pas de risques. Mais le risque fait partie de l’apprentissage vers la vie adulte. Parmi les adolescents rencontrées par l’autrice, beaucoup font partie de l’upper middle class et sont décrits comme dociles, non rebelles. Très peu avaient une expérience sexuelle, fumaient ou buvaient. Ils sont anxieux et dépressifs, accrochés aux réseaux sociaux qui leur montrent un idéal qu’ils ne pourront jamais atteindre. Ils tentent l’automutilation, l’anorexie.

Shrier prend comme exemple le personnage principal du film « Boys don’t cry », sorti en 1999. Le
personnage veut être un homme, pas une personne trans. Les adolescentes d’aujourd’hui ne veulent pas passer inaperçues, elles veulent être vues. Elles ne savent pas si elles veulent être des hommes. Elles savent juste qu’elles ne veulent plus être des filles.

Julie a deux mamans; elle a découvert la question du genre à l’école avec une présentation sur la
genderbread person. Vers 15-16 ans, elle a commencé à porter un nom de garçon à l’école et à se faire genrer au masculin, encouragée par une fille plus âgée. Sa thérapeute a approuvé ce changement. À 18 ans, Julie a quitté la maison, démarré un traitement à la testostérone et choisi de subir une mastectomie. Elle danse aujourd’hui dans une troupe, comme danseur et non comme danseuse.

Les garçons manqués n’existent plus aujourd’hui, car les adolescents se situent sur l’échelle du genre et de la sexualité et ils transitionnent plutôt que d’être une fille masculine. Dans une école de filles britannique, 15 filles se sont déclarées transgenres, aucune, lesbienne.

Le cas de Sally
La puberté est difficile à vivre pour les petites filles, avec l’apparition de la poitrine vers 10 ans et des premières règles en moyenne à 12 ans aux États-Unis. La réponse américaine est d’avoir plus de mal à supporter l’inconfort et la douleur : « il doit bien y avoir une pilule pour ça ».

Le cas de Gayatri, jeune fille de famille immigrée indienne, enfin populaire depuis qu’elle est devenue trans. Les jeunes adolescentes ont une connaissance encyclopédique des différentes formes de sexualité et des pratiques, même fétichistes. Elles ont en revanche une expérience moindre, moins de relations romantiques et réelles. Elles semblent terrorisées par les véritables expériences sexuelles. Jusqu’en 2016 personne ne semblait remarquer cet afflux d’adolescentes dans les gender clinics.

Chapitre 2 : L’énigme :
En 2016, l’universitaire Lisa Littman est intriguée par le coming-out trans de 6 adolescentes de sa petite ville de l’Etat de Rhode Island. Elle est gynécologue-obstétricienne, et son champ de recherches est la contraception et l’avortement. Elle décide de s’intéresser à la question et surtout à l’aspect groupal ; pourquoi est-ce un groupe de 6 amies qui a fait son coming-out ?

Entre 2016 et 2017 le nombre de chirurgies sur les personnes qui étaient nées femmes s’est multiplié par 4, et les gender clinics paraissaient avoir une activité croissante. Littman étudie la littérature existante sur le sujet et décide de lancer sa propre étude, à partir d’entretiens avec les parents d’adolescentes, 256 au total. Deux modèles paraissaient se dégager : 65% des filles avaient déclaré être transgenre après un temps d’immersion dans les réseaux sociaux. Ensuite, la prévalence d’une identification transgenre était jusqu’à 7 fois plus élevée que la moyenne dans certains groupes de filles.
Littman avait conscience que la meilleure visibilité et acceptation sociale avait certainement joué un rôle important dans une partie des coming-outs. Mais cela n’expliquait pas ce fonctionnement de groupe. Littman décide de nommer ce phénomène « rapid onset gender dysphoria« , la dysphorie de genre à déclenchement rapide, ou ROGD.

Shrier utilise le mot craze au sens d’engouement de manière descriptive et non péjorative, au sens de Penrose. Littman n’utilise pas ce mot. Elle dit que s’il s’agit d’un phénomène de contagion: la réponse des soignants, avec des hormones et de la chirurgie ne lui paraît pas adéquate.

Sa publication a suscité un tollé. L’article a été attaqué sur le fait d’avoir interrogé les parents et non les adolescents. Littman a été accusée de n’avoir interrogé que des parents conservateurs et d’avoir heurté des personnes trans. Il a été retiré un temps par l’éditeur de la revue PLOS One. Littman a même perdu son emploi suite à cette publication, un emploi qui ne concernait pas du tout la question du genre.

Au cours des 10 dernières années, la prévalence de la dysphorie de genre adolescente s’est multipliée par 1000 aux USA. En Grande-Bretagne, cette prévalence a augmenté par un facteur de 4000, dont les ¾ sont des filles. Le modèle que découvre Littman est toujours le même : une petite fillette au naturel anxieux, plutôt docile, sans questions sur le genre, entre au lycée. Elle intègre un groupe d’ami-e-s dont certains se déclarent transgenres. Elle se déclare également transgenre et sa santé mentale décline. Ces filles deviennent hostiles envers leurs parents. Elle compare ce fonctionnement à l’éclosion des sites pro-ana et pro-bia au plan de l’alimentation il y a une dizaine d’années, alors que des anorexiques et des boulimiques considéraient que c’était un mode de vie et pas une pathologie et échangeaient des conseils. Les sites pro-anorexie (pro-ana) et pro-boulimie (pro-bia) transforment en héroïsme social un désordre mental, poussant la victime à se faire encore plus de mal. Le monde devient divisé entre celles et ceux qui vivent cette condition et ceux qui ne peuvent rien comprendre, car ils sont « cis ».

Littman dit que les filles ont tendance à aller au-devant de l’émotion de l’autre, ce qui peut mener à une contagion d’états émotionnels. Elle reprend les 6 critères de la dysphorie de genre chez l’enfant selon le DSM 5.

Chez l’enfant, l’incongruence entre le genre vécu ou exprimé et le genre assigné se manifeste par au moins 6 des 8 critères suivants, le premier étant obligatoire:
• La présence d’un fort désir ou de la conviction d’être de l’autre genre (ou d’un genre alternatif
différent du genre assigné)
• Une préférence marquée pour les vêtements typiques de l’autre genre
• Une forte préférence pour incarner les rôles de l’autre genre dans les jeux
• Une forte préférence pour les jouets et les activités de l’autre genre
• Une forte préférence pour les camarades de jeu de l’autre genre
• Un rejet des jouets ou activités du genre d’assignation
• Un rejet de son anatomie sexuelle
• Un désir pour les caractères sexuels de l’autre sexe.

Beaucoup sont des comportements observables par les parents. Littman a créé un questionnaire
ouvert de 99 questions. Les résultats sont les suivants :
• 80% des adolescent-e-s en cause étaient des filles, avec un âge moyen de 16,4 ans.
• La majorité vivaient chez leurs parents au moment de l’annonce de leur transidentité.
• Aucune ne remplissait les 6 critères de la dysphorie de genre chez l’enfant, mais la majorité ne
présentait même pas un seul critère de dysphorie de genre enfant.
• Un tiers de ces adolescents ne paraissait pas présenter de dysphorie de genre avant leur
annonce.
• La majorité avait au moins un diagnostic psychiatrique et s’auto-mutilait avant le début de la
dysphorie de genre.
• 41% avait annoncé une orientation non hétérosexuelle avant la dysphorie de genre.
• Près de la moitié (47%) était considérée comme surdouée.
• Près de 70% appartenaient à un groupe de pairs où un moins une personne était trans. Dans
certains groupes, la majorité des amis était trans.
• Plus de 65% avait augmenté son temps passé sur les réseaux sociaux avant l’annonce.
• Plus de 60% des parents ont constaté une forte augmentation de la popularité de leurs enfants
après l’annonce.
• Plus de 90 % des parents interrogés sont blancsé
• Plus de 70% des parents ont au moins un niveau licence.
• Plus de 85 % des parents soutiennent les droits des homosexuels au mariage.
• Plus de 88% soutiennent les droits des personnes trans.
• Près de 64 % se sont fait traiter de transphobe ou intolérant quand ils ont incité à plus de
prudence ou ont refusé de changer le prénom ou les pronoms de leur enfant.
• Moins de 13% des parents ont constaté une amélioration de l’état mental de leur enfant après
l’annonce, 47 % ont constaté que leur état s’est empiré.

L’hypothèse de Littman est celle d’une étiologie différente de celle de la dysphorie de genre classique.
Elle émet trois hypothèses sur les aspects qui pourraient être contagieux:
• La croyance que certains symptômes non spécifiques sont considérés comme de la dysphorie
de genre et que leur présence est la preuve que la personne est transgenre
• La croyance que la seule voie vers le bonheur est la transition
• La croyance que toute personne qui est en désaccord avec l’auto-affirmation d’être transgenre,
ou en désaccord avec le plan de transition, est transphobe, agressive et que le contact doit être
coupé avec elle.

Littman parle d’un mécanisme d’adaptation psychologique (coping) inadapté face à des stress et des émotions réels. Par le passé on ne constatait pas de coming-out encouragé par un groupe d’amis et du temps passé en ligne.

Littman concluait que tous les adolescents ne peuvent être dans le vrai quand ils évaluent la cause de leurs symptômes.

Sept mois après sa publication, son éditeur a publié une version corrigée de son étude. Aucun
des résultats n’avait été modifié.


Chapitre 3 : Les influenceurs

Si tu penses que tu es peut-être trans, c’est que tu l’es. Shier cite Ty Turner ici, qui présente la
transidentité comme une manière d’être stable et qui prend le pas sur n’importe quelle autre
caractéristique psychique. La définition de la dysphorie de genre est élargie à d’autres types
de dysphorie ou à l’anxiété sociale (elle cite Jake Edwards). Souvent les personnes hésitent – l’une d’entre elles explique que c’est après un certain temps sous testostérone qu’elle est devenue certaine d’être trans.

Tu essaies d’être trans ? Le binder (un bandeau qui écrase la poitrine sous les vêtements) est un excellent début. Les influenceurs mentionnent rarement ses risques pour la santé (tissus des seins abîmés, souffle court, côtes cassées, douleurs)

La testostérone est fantastique et va régler tous tes problèmes et « tu peux juste l’essayer pour
trois mois, les effets sont réversibles jusqu’à 3 mois ». Tu n’as pas besoin d’être certaine d’être
transgenre pour essayer les hormones, ils sont parfois un excellent moyen de voir si tu es vraiment transgenre. (Kaylee Korol)

SI tes parents t’aiment, ils doivent soutenir ta transidentité. Elle cite Jett Taylor, qui dit
que le vrai amour est inconditionnel, donc on doit vous accepter tel que vous vous dites être.
Si les parents ne vous soutiennent pas, votre queer ou glitter family prendra soin de vous.

Si on ne te soutient pas dans ta transidentité, tu vas sûrement te tuer. Le taux de suicide chez
les trans est élevé, mais le lien peut-il être fait entre le fait de ne pas changer de pronom et le
suicide ?

Vous pouvez mentir aux parents et aux professionnels de santé pour assurer votre transition,
et leur fournir une histoire cohérente pour obtenir les traitements que vous estimez nécessaires.

Tu n’as pas besoin de t’identifier comme étant du sexe opposé pour être trans. Shrier prend
l’exemple d’une influenceuse genderqueer et non binaire, qui cherche à être entre les deux et
y arrive, entre opérations et prise légère de testostérone. Shrier se demande ce que cela
signifie, car il n’est plus question de vouloir être d’un autre genre, mais plutôt de n’être
d’aucun genre. Comment la médecine justifie-t-elle cet accompagnement ?
Les parents détestent les influenceurs, qu’ils placent entre les gourous et les dealers, parce qu’ils encouragent à prendre de la testostérone, à mentir aux parents et aux professionnels de santé, et fournissent des conseils plus que discutables au plan médical.
Shrier a aussi trouvé ces jeunes profondément fragiles et attachant-e-s.


Chapitre 4 : Les écoles
En 2019, la California Teachers Association (CTA) a voté pour que les mineurs s’identifiant comme trans puissent quitter le campus pendant les heures de cours pour aller chercher leur traitement hormonal.
Jusqu’ici cette autorisation concernait seulement les traitement hormonaux contraceptifs.

Les éducateurs
En Californie tous les enfants reçoivent une formation sur le genre et l’identité sexuelle, dont les
parents ne peuvent les dispenser. Il s’agit d’éviter les cas de harcèlement envers ces minorités, ce qui paraît plutôt une bonne chose. Shrier a un entretien avec J. Chiasson, qui coordonne le programme des relations humaines, diversité et équité pour l’une des plus grosses circonscriptions scolaires de Los Angeles.
Elle explique que l’école a aujourd’hui une approche plus holistique, plus émotionnelle, et non plus simplement académique. Avec des avancées très importantes, comme des repas ou des services de santé qui complètent de plus en plus ce qui était du domaine des familles. L’école doit parfois être en avance sur les parents, selon elle.


L’enseignement
Les femmes qui ont été des pionnières dans leur domaine ont été requalifiées de « non conformes à leur genre » dans certains livres scolaires. L’astronaute Sally Ride a été outée comme lesbienne, une information qu’elle n’avait pas souhaité partager. Plus une femme accomplit des choses hors du commun, moins elle est une femme, finalement.
Dans certains jardins d’enfants, le sexe et le genre sont présentés comme des choses différentes. Toute personne qui déroge aux stéréotypes de genre (un garçon qui coud ou chante, par exemple) est décrété pour le moins gender expansive ou gender questionning. Le matériel pédagogique est fourni par des associations trans-activistes, les professeurs travaillent avec les modèles du genderbread person ou du gender unicorn. Les professeurs lisent des extraits de l’autobiographie d’un jeune trans « I am Jazz ».


La maternelle
Pour se questionner sur le genre il faut d’abord identifier des comportements comme étant ceux d’un genre précis, donc faire appel à des stéréotypes.
Un manuel intitulé Qui es-tu, le guide de l’enfant sur l’identité de genre explique que comme les bébés ne peuvent pas parler, les adultes font donc une supposition en regardant son corps. « C’est le sexe qui t’est assigné à la naissance, mâle ou femelle. » Il s’agit de déterminer qui iels sont et eux le savent mieux que quiconque.
Mais pour définir qui iels sont, iels doivent faire appel à des stéréotypes.


Le cours primaire
La sensibilisation se fait, selon Shrier, à travers un questionnement individuel des élèves, avec le
matériel fourni par des associations d’activistes. Ce qui pose question est que beaucoup d’enfants peuvent jouer avec cette identité au cours du primaire, sans que cela ne soit verbalisé ou fixé par des adultes.


Le collège
L’éducation sexuelle comprend toutes les pratiques, y compris le fisting et l’anulingus. La bonne chose est que cela normalise les étudiants LGBTQ. Une distinction semble se faire entre les « cis » qui correspondent à une vision étroite et précise de leur genre et les autres, qui doivent être célébrés et encouragés pour leur capacité à exprimer qui ils sont vraiment. Les cool kids ne sont pas hétéro cis.


Les effets de l’éducation sur la transidentité
Shrier ne croit pas que cette éducation rend les gens trans. Elle remet cependant en question
l’affirmation que personne ne se déclarerait trans s’il ne souffrait pas profondément d’une dysphorie de genre. Pour la nouvelle génération, ce qu’elle appelle le parapluie LGBTQ est l’endroit où on peut être du bon côté, celui des alliés, celui des personnes non-conformistes, celui où on peut se poser toutes les questions adolescentes.


Le raisonnement anti-harcèlement
L’idée de départ est d’éviter le harcèlement, une position dont ne peuvent que convenir les parents qui souhaitent que leurs enfants soient en sécurité. Shrier reprend le cas Nabozny de 1996, où un étudiant gay n’avait pu être protégé par son école. Mais là selon Shrier on va trop loin. Elle raisonne en prenant l’exemple d’un enfant Thai : s’il est harcelé, on punira le harceleur. Mais on ne demandera pas à chaque élève de se demander à quel point il est asiatique, à faire le salut Thai et à apprendre l’histoire de la Thaïlande.
On affirme de but en blanc les risques de ne pas reconnaître une transidentité : alcoolisme, toxicomanie, tentatives de suicide, décrochage scolaire. Les enfants peuvent donc choisir de porter le nom qu’ils souhaitent à l’école, et les parents n’ont rien à dire.


Qui sont les harceleurs ?
La définition de harcèlement s’est étendue: « mégenrer » un enfant peut être considéré comme du
harcèlement, ou même une maltraitance spirituelle (les transgenres n’existent pas selon ma religion, donc tu es un garçon/ une fille). Mais contre qui l’école défend-elle ces enfants qui ont le courage de se définir tels qu’ils sont vraiment ?
Shrier propose une réponse : papa et maman.


Chapitre 5 : Les pères et les mères
Shrier part du cas de Maddie Cave, qui s’est déclarée trans à 12 ans, en 2013. Sa mère a commencé par l’écouter et l’accompagner, étant plutôt libérale et défendant les droits des personnes LGBTQ.
Maddie n’avait présenté aucun signe de dysphorie de genre mais, après une présentation à l’école par une ado de 15 ans, a affirmé, elle aussi, s’être toujours sentie différente. La mère de Maddie soupçonnait plutôt une forme d’autisme, qui sera finalement diagnostiquée plus tard. La mère a appelé plusieurs thérapeutes qui ont tous répondu « qu’à cet âge, les enfants savent qui ils sont ». Les seuls sites qui semblaient résister à cette idée étaient des sites homophobes.
A la gender clinic, le thérapeute a affirmé que l’utilisation de nouveaux noms et prénoms était
entièrement réversible et que le fait de ne pas les utiliser pouvait conduire l’enfant au suicide. Elle lui a même acheté un binder pour éviter qu’elle ne se scotche les seins La dysphorie de genre n’a cependant pas diminué, mais a au contraire augmenté.
Maddie a changé de clinique pour un établissement spécialisé dans la transidentité et l’autisme. Dans ce nouveau lieu, ils lui ont proposé des bloqueurs de puberté. Ce qu’elle a lu sur le Lupron et ses conséquences a commencé à l’inquiéter. La réversibilité une fois la transition sociale faite est difficile, mais surtout presque 100 % des jeunes enchaînent avec un traitement hormonal de transition, ce qui conduit à une infertilité certaine. Les risques liés à la testostérone lui paraissaient aussi trop élevés.
Quand elle a souhaité faire marche arrière, Maddie était devenue un garçon nommé Kyle à l’école.
Aujourd’hui elle se sent très isolée et trahie par son environnement.
Elle rencontre plusieurs mères qui ont tout fait pour comprendre et élever leurs enfants, en se
demandant si justement ces enfants ne devaient pas aller jusque-là pour exister face à ces mères si présentes et compréhensives.


Richard
Après son article de 2019 dans le Wall Street Journal, Shrier a reçu des milliers de mails. Beaucoup de parents racontaient une expérience semblable. Tous les parents étaient diplômés universitaires, en général démocrates, quelques républicains, mais qui soutenaient les droits des gays.
La fille de Richard, Joanna, a commencé un régime de testostérone à l’université, sans en avertir ses parents. Puis elle a fait sa transition sociale. Elle vient de subir une mastectomie. Ses parents sont dévastés par la vitesse à laquelle les choses se sont déroulées. Rachelle, la mère, reste proche d’elle émotionnellement. Les deux parents restent aimants, soutenants, et tristes.
La génération de ces parents croit aux bienfaits de la thérapie. Mais n’est-ce pas cette tendance qui a conduit à ces autodiagnostics incessants ?


Chapitre 6 : Les psys
Les recommandations du principe de l’affirmative care sont d’affirmer et d’accompagner ce qu’une personne ressent. Une personne qui dit être un homme sera donc considérée comme un homme (Note : les recommandations de la WPATH me semblent être moins radicales).
Il faut de la bienveillance envers les personnes qui se sentent mal dans leur corps en général (presque toutes les femmes). Et la transition peut avoir permis à des personnes de se sentir en adéquation avec leur corps pour mener une vie harmonieuse, Shrier est loin de le nier.
Mais on passe de l’idée d’accepter qu’une patiente se présente comme un garçon à l’idée de penser avec elle, qu’elle est un garçon.


Les soins d’affirmation de genre
Les soins d’affirmation transgenre (transgender affirming care) sont définis comme « l’apport de soins qui soient respectueux, attentifs et qui soutiennent les identités et les expériences de vie des personnes transgenres et non conformes au genre ».
Shrier fait un parallèle avec une personne atteinte d’anorexie à qui on accorde une liposuccion et le droit d’être appelée « boulotte ». Ou une personne noire qui veut devenir blanche et à qui on promet d’aligner son apparence avec ce qu’elle ressent être au plus profond d’elle-même.


Les thérapeutes
Shrier s’entretient avec Randi Kaufman, une thérapeute spécialiste des ados transgenres. La première chose dont les adolescents auraient besoin selon Kaufman est l’acceptation et le soutien de leur famille, ajoutant le topo habituel sur le risque de suicide et de maladie mentale qui diminue drastiquement si on genre correctement la personne. L’itinéraire de chaque individu dans la question du genre est purement personnel et doit être respecté et écouté. Donc « nous ne mangeons même pas de bœuf aux hormones » « je ne t’appellerai pas Armand », « tu as perdu la tête » ne sont pas des réactions appropriées. Vous ne souhaitez pas que votre enfant se pende dans le garage parce que vous venez de l’appeler Rebecca.
Shrier note ici la différence avec un enfant qui se dit gay. Il s’agit d’accepter et accompagner un enfant qui EST gay. Là il s’agit d’accompagner un enfant qui N’EST PAS quelque chose.
Kaufman affirme que le genre est fluide, et qu’ il faut s’adapter à ses variations qui doivent être
considérées comme normales. Autrement votre enfant risque de se suicider.


La théorie de l’affirmation de genre.

Les ados savent qui ils sont
Non, ils sont en formation et leur cortex préfrontal n’est pas pleinement opérationnel. Shrier raconte sa tentation de se faire faire une réduction mammaire et son bonheur de ne pas avoir transgressé le refus parental quand elle a eu trois enfants

La transition sociale et l’affirmation ne comportent pas de risque
La transition sociale est sociale, ce qui signifie que cela implique le groupe, les autres. Comment ne pas être continuellement déçue quand le corps social vous renvoie à un corps qui n’est toujours pas un corps de garçon ?
En reprenant un exemple d’enfant cacher qui ne sent plus ni Juif, ni Chrétien, Shrier affirme que changer le genre et l’identité d’une personne est lourd de conséquences et que c’est un processus que l’on ne peut annuler si l’on change d’avis. Une étude néerlandaise de 2011 semble confirmer les conséquences importantes de cette transition sociale qui doit être faite avec prudence.

Si vous n’affirmez pas votre enfant, il va se suicider
Shrier reprend le personnage d’Ozzie Friedman dans le roman Goodbye, Colombus de Philip Roth, un ado qui réussit à faire plier les adultes en leur faisant un chantage au suicide. Shrier affirme qu’aujourd’hui il n’y pas d’études à long terme sur le sujet et que les comorbidités ne sont pas vraiment prises en compte.
Des enfants avec des niveaux d’anxiété, de dépression, d’autisme similaires n’ont-ils pas autant de risques de se faire du mal que ceux qui en plus présentent une dysphorie de genre ? Quelle condition préexiste à l’autre ?

L’identité de genre est immuable : on ne peut convertir un enfant à quitter son identité de genre
Ce serait comme l’homosexualité. Or, plus qu’une thérapie de conversion, une thérapie d’observation et d’accompagnement semblait fonctionner avant l’affirmative care. Et on sait que l’environnement social ne rend pas une personne homosexuelle, alors que l’environnement semble jouer un rôle très important dans l’apparition de la transidentité.
Kaufman utilise le cas Reimer pour justifier cette forme d’essentialisme.
Les thérapeutes qui ne suivent pas l’affirmative care seraient présentement accusés de « thérapie de conversion » dans 19 États aux USA.


Chapitre 7 : Les dissidents
Kenneth Zucker était le spécialiste internationalement reconnu de la dysphorie de genre chez l’enfant et l’adolescent jusqu’en 2015. En 2007 c’est lui qui a supervisé la rédaction de la définition du DSM 5 sur la dysphorie de genre.
Il considérait le jeune dans son ensemble. Parfois la dysphorie de genre était une manière de gérer le trauma ou un autre problème. Il fallait analyser ce que le patient entendait par genre, ce qu’il projetait sur les garçons et les filles. En quoi le changement de sexe pourrait le rendre plus heureux. Ces questions avaient pour but de comprendre son problème et de soulager la dysphorie de genre. Sur 100 enfants et ados traités par le docteur Zucker, 88% ont cessé de présenter de la dysphorie.
Ce type de thérapie était nommée le watchful waiting, l’attente vigilante. Ce terme ne convient plus à Zucker car il simplifie trop l’éventail d’interventions psychothérapeutiques qu’il pouvait proposer. La transition n’était pas un but, mais une possibilité et il ne prenait pas l’autodiagnostic du patient au premier degré.
En 2015, l’Ontario a condamné les thérapies de conversion concernant le genre. Zucker a été accusé de pratiquer des thérapies de conversion a dû arrêter d’exercer. Le message aux professionnels de santé était clair : soit pratiquer l’affirmative care, soit disparaître.
Beaucoup de thérapeutes restent en désaccord avec l’affirmative care, et considèrent que la dysphorie de genre n’est pas une identité dont il faut se réjouir, mais une psychopathologie. Ils continuent à travailler discrètement, en pensant que le traitement de la dysphorie de genre par la transition n’est pas un service rendu au patient.


Les sexologues
Blanchard a proposé dans les années 80 et 90 une distinction entre deux sortes de transsexualisme: le transsexualisme homosexuel (des garçons efféminés) et le transsexualisme autogynéphile. Bailey avait repris et développé ce concept. Mais un homme coincé dans un corps de femme attire la sympathie, alors qu’un homme excité par son corps en femme provoque des réactions plus ambivalentes. Le livre fût considéré comme transphobe.
Blanchard a opéré des transitions pendant des années dans sa clinique canadienne, avec pour
condition que la personne ait fait une transition sociale préalable d’au moins deux ans. Il a conscience de la difficulté de passer pour une personne de l’autre sexe et ne voulait pas que l’opération soit faite pour des individus qui n’atteindraient jamais leur objectif et seraient toujours vus comme étant de leur sexe d’origine. Il critique le modèle actuel en disant que le médecin se décharge de sa responsabilité, en laissant le patient décider seul de ce qui est nécessaire à son bien-être.
Il propose une comparaison avec la crise des opioïdes où la prescription se faisait selon l’autoévaluation de la douleur du patient, avec les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui.
Toutes ces théories de Blanchard ne concernent que les hommes et ne parlent pas des adolescentes actuelles. Blanchard en effet ne pense pas qu’il s’agit de dysphorie de genre. Il pense qu’il s’agit d’un mélange de trois groupes :

Des enfants qui seront transgenres quel que soit le traitement qu’ils recevront

Des enfants qui auraient dépassé leur dysphorie de genre seuls sans traitement et qui seraient
devenus des adultes homosexuels

Des filles adolescentes borderline qui ont identifié leur mal-être à de la dysphorie de genre.
Blanchard ajoute que la dysphorie de genre a toujours été autonome et solitaire, sans effet de groupe jusqu’à récemment.
Le Dr Bailey ne croit pas non plus à cet afflux de dysphorie de genre mais plutôt à un phénomène collectif.
Shrier continue sur la question de l’immuabilité du genre. Si le genre est immuable, comment 88 % des enfants arrêtent-ils de présenter des symptômes de dysphorie de genre, sans transition ?
Ce recours à l’immuabilité viendrait peut-être de la référence au 14e amendement, qui protège des personnes présentant des traits ou des caractéristiques immuables. SI le genre n’est pas immuable il ne peut être protégé par le 14e amendement.
Bailey conclut : au mieux l’affirmative care empêche les filles de se réajuster à leur sexe de naissance. Au pire il les pousse vers des procédures médicales superflues.


Une psychothérapeute non affirmative : Lisa Marchiano.
Elle entend la souffrance de ces adolescentes et rappelle que le 20e siècle a aussi connu des
phénomènes de contagion psychique. En cas de détresse psychologique, nous cherchons une manière de l’exprimer qui soit compréhensible par l’autre. Cette idée est développée par Edward Shorter. Les patients ont une tendance à présenter des symptômes qui correspondent aux diagnostics du moment.
Aucun cas d’anorexie n’avait été répertorié à Hong Kong jusqu’en 1994, au moment où une
histoire d’anorexie a été médiatisée. Les symptômes existaient avant, mais n’étaient pas nommés
comme tels.
La dysphorie de genre est apparue sur internet et à travers des émissions de téléréalité comme « I am Jazz ». Quand les symptômes entrent dans le « bassin des symptômes possibles », de plus en plus de personnes se mettent à consulter pour ces symptômes.
L’affirmation est pour elle l’exact contraire de la démarche de curiosité, d’exploration et d’ouverture que doit être une psychothérapie. On ne traite pas le risque de suicide en donnant au patient ce qu’il veut, on ne rappelle pas sa femme pour qu’elle revienne s’il veut se suicider après un divorce. Cette utilisation du suicide est non éthique et dangereuse, surtout quand on pense que le suicide peut être inclus dans le « bassin de symptômes » surveillés. Et que se passe-t-il si on suggère à une adolescente que si elle n’obtient pas ce qu’elle veut, elle peut se suicider ?
Les professionnels et les parents ne peuvent admettre qu’avec ces méthodes ils n’ont fait qu’empirer les choses, en tendant de protéger au maximum ces adolescentes de la souffrance.


Le psychiatre : Dr Paul Mac Hugh
Selon lui la dysphorie de genre est un sentiment exacerbé, une passion dévorante qui occupe toute la vie des patients. Il ne doute pas de leur souffrance, il doute de l’origine de cette souffrance et la compare à celle de l’anorexique qui pense que la minceur la rendra heureuse. On ne sait pas avant une opération chez qui disparaitra la dysphorie de genre. Les opérations devraient être beaucoup plus contrôlées selon lui.
Dans les années 80 il s’était opposé à la thérapie qui faisait resurgir des souvenirs de traumas fictifs, qu’il a qualifiés de iatrogènes. Une mode de plus dans les pathologies, qui sont toujours imprévisibles.
Mais qu’il faut malgré tout soigner.


Chapitre 8 : Les promues et les déchues
Shrier parle d’une de ses amies dont la fille aurait été traumatisée lors de l’achat de son premier
soutien-gorge chez Nordstrom. La vendeuse était un homme habillé en femme. Elle enchaîne sur les difficultés des femmes à accepter leur corps à l’adolescence, aux filles qui préfèrent rater l’école plutôt que d’utiliser les toilettes mixtes pendant leurs règles (selon une étude britannique), puis sur la préférence de certaines femmes pour des gynécologues femmes.
Elle détaille l’apparition de femmes transsexuelles dans la vie publique, dans la culture mainstream, comme les magazines Cosmo et Teen Vogue, dans lequel on peut lire que « les personnes qui ont leurs règles ne sont pas toutes des femmes et toutes les femmes n’ont pas de règles ».
Les personnes trans sont moins stigmatisées, mais la question « pourquoi une personne accepterait-elle une procédure aussi lourde si elle ne souffrait pas d’une dysphorie de genre insupportable » ne se pose plus aujourd’hui dit Shrier, elle ne concerne pas la nouvelle génération. Elle a parlé à des adultes transgenres et voici ce qu’elle a retenu :
Une publicité non bienvenue
Kristal, M-to-F, a toujours cru être une fille jusqu’à l’âge de 6 ans. Elle a aujourd’hui une bonne
cinquantaine d’années. Elle a commencé à s’habiller en femme en 2015, puis quelques mois plus tard à prendre des hormones. Elle était heureuse de son choix, que personne ne contredisait. Puis Caitlyn Jenner est apparue en une de Vanity Fair, et son invisibilité s’est évanouie. Les gens se sentaient obligés de la féliciter dans la rue. Elle se sent envahie par ces manifestations non sollicitées, ne trouve aucun sens politique dans l’utilisation des toilettes masculines ou féminines, et sait très bien qu’elle est un homme habillé en femme, et pas une femme. On ne peut faire oublier son ADN par des sentiments.


Christine, Caitlyn et les gloires déchues
Christine Jorgensen, un ex GI, a été opérée en 1952 et a été la première femme trans à connaître une vraie célébrité.
En 2015, quelques vedettes américaines ont connu la déchéance : Bill Cosby, Lance Armstrong, Michael Jackson.
Bruce Jenner faisait sa transition relativement discrètement, parmi les Kardashians. Quand le héros olympique a annoncé son nouveau genre, tout le monde s’est réjoui pour elle.


Le L oublié dans LGBTQ
Les lesbiennes ont perdu une partie de leurs lieux uniquement féminins. Certaines universités
uniquement féminines ouvrent leurs portes à des femmes qui sont nées hommes. Les prisons pour femmes acceptent des femmes nées hommes. Celle qui contestent cet état de fait sont qualifiées de TERFs (Trans Exclusionary Radical Feminists). Les lesbiennes sont devenues invisibles, et les adolescentes interrogées ont dit ne pas connaître beaucoup de lesbiennes, mais plutôt des personnes trans.


Les droits des trans avant ceux des filles
Au cours de la dernière décennie, les femmes ont perdu du terrain. Des femmes nées hommes
prennent les meilleures places dans les compétitions d’athlétisme des universités américaines.
Martina Navratilova, lesbienne notoire, a perdu son sponsor quand elle a publiquement dénoncé
l’injustice de faire participer des personnes nées hommes aux compétitions féminines.


Qu’est-ce qu’une femme ?
Comment définir une femme en dehors de la biologie ? Les activistes trans s’appuient sur des
stéréotypes sociaux, beaucoup d’entre eux archaïques ou insultants. Les femmes enceintes deviennent des « personnes enceintes », le vagin devient « l’orifice de devant », et l’on a vu apparaître la fameuse expression « personnes qui ont leurs règles ».
Le porno violent, avec des scènes d’étouffement, inquièterait les filles au point de ne pas vouloir
devenir des femmes et changerait le comportement des garçons.
Les filles semblent perdre sur tous les tableaux.


Le trans comme bouclier intersectionnel
L’écrasante majorité des filles se disant transgenre est blanche, l’identité la plus vilipendée sur un
campus. Elles ne peuvent choisir d’être noires. Ni gay. Ni handicapées (même si les bénéfices
secondaires de leurs angoisses peuvent être intéressants). De tous les statuts de victimes, le seul
disponible est celui d’être trans. Sans cette incitation sociale ou cette pression des pairs, les chiffres n’auraient pas de sens, quand 40% des étudiants dans certaines universités disent appartenir à la communauté LGBTQ.
L’université de Californie à Los Angeles (UCLA) propose un formulaire pour informer l’ensemble du campus de votre changement de prénom.
Dans plus d’une centaine d’universités aux États-Unis, dont les universités haut de gamme de l’Ivy League, les opérations de changement de genre sont couvertes par les assurances et un traitement hormonal à Yale coûte 10 dollars par mois.
Shrier décrit ensuite un cheminement qu’elle présente comme classique : une jeune fille anxieuse arrive à l’université, elle va voir un conseiller, qui sera également un spécialiste du genre et qui la guidera vers une transition pour régler son problème psychique.


Meredith
Meredith était une bonne élève, sportive, avec un petit ami, qui a été admise dans une bonne
université. Elle était très stressée par le travail à fournir et ne semblait pas avoir une vie sociale qui lui convenait. Après plusieurs jours sans sortir de son lit, elle est allée consulter la clinique de l’université.
Ses parents sont venus la chercher pour le reste du semestre et elle est retournée à l’université en été pour rattraper certains des cours qu’elle avait ratés. Elle est rentrée taciturne, avec le crâne rasé.
A la rentrée, une de ses camarades a émis l’hypothèse qu’elle était peut-être transgenre. En un an elle avait changé de prénom et amorcé un traitement à la testostérone. Elle a ensuite coupé tout contact avec ses parents. Pour avoir parlé avec d’autres parents, ils savaient que s’ils venaient sur le campus et que leur fille refusait de les voir, ils seraient raccompagnés par la sécurité. Couper les frais de scolarité ne l’aurait pas fait revenir à la maison et elle poursuivait ses études; ils ne voulaient pas gâcher son avenir. La direction de l’Université a répondu à leurs messages que c’était à Meredith de décider de sa transition, même si ses parents considéraient qu’elle était dans un état mental qui mettait en cause son discernement.
Meredith a poursuivi sa transition.


Chapitre 9 : La transformation
Shrier commence par rappeler que les différences physiques entre hommes et femmes sont
indépassables, ne serait-ce qu’en ce qui concerne le squelette. Le malaise créé par la dysphorie de genre peut-être sans fin, la personne allant d’opération en traitement en ne trouvant toujours pas son corps satisfaisant.
Lupron : l’agent de castration chimique décrit comme un simple bouton ‘Pause »
Les bloqueurs de puberté sont présentés comme un bouton pause, entre l‘âge de 8 et 13 ans, pour « garder les options ouvertes ».
Le Lupron a été utilisé comme agent de castration chimique, puis pour stopper l’apparition des signes sexuels secondaires chez les petites fillettes qui démarraient une puberté précoce. Est-ce vraiment sans conséquences ? Imaginez être une fille de 15 ans, sans seins, sans poils sur le pubis, sans règles, ne connaissant pas l’orgasme, avec le vagin d’une fille pré adolescente. Les hormones sexuelles touchent aussi le cerveau. Schrier cite Marcus Evans, un ancien thérapeute de la Tavistock Clinic : « je ne dis pas qu’on ne doit pas le faire, je dis simplement que ce n’est pas neutre, ils ne sont plus comme leurs pairs. » 100% des enfants qui ont pris des bloqueurs de puberté prennent ensuite un traitement hormonal, alors que 70% des enfants sans bloqueurs de puberté dépassent leur dysphorie de genre. En l’absence d’études à long terme, les autres risques (ostéoporose entre autres) ne sont pas quantifiables, mais avec les deux traitements consécutifs, l’infertilité est certaine, et la capacité à avoir des orgasmes fortement compromise. Shrier insiste sur la particularité d’un traitement qui consiste à arrêter un développement biologique normal sur la base d’un symptôme simplement décrit par le jeune patient.


La transition sérieuse : les hormones de substitution
La testostérone diminue l’anxiété et la dépression, lève les inhibitions sociales. Physiquement, elle répartit la graisse autrement, et surtout fait passer les filles dans l’autre camp, celui où le corps ne sera pas jugé de la même manière. Tant pis si des sautes d’humeur et de l’irritabilité apparaissent, puisque cela les rend heureux. La testostérone est conditionnée sous différentes formes, mais les « pures » vont se l’injecter. C’est certes douloureux, mais cela les met dans un état de joie qu’elles doivent partager avec le monde entier.
En obtenir est de plus en plus simple: les gender clinics se sont multipliées, au nom du principe du consentement éclairé, qui ne demande aucune consultation préalable. Les effets secondaires ne semblent pas être vraiment détaillés et quel adolescente les écoute vraiment ?
Les effets sont visibles en quelques mois, une pilosité et une humeur vraiment améliorée. Certaines disent être un peu plus confuses mentalement, mais les symptômes de la dépression s’allègent et Shrier se demande si une partie des jeunes filles ne pratiquent pas l’automédication en prenant ces hormones, leur véritable problème étant un état anxiodépressif ?
La voix devient plus grave, elles ressemblent à un petit homme. Leur clitoris grossit, leur désir
augmente. Mais leur vagin s’atrophie et devient sec, leur vie sexuelle n’est pas forcément épanouie, en apprivoisant ce nouveau corps. Tous les ennuis liés à leur supposée fragilité sont derrière elles…car ce n’est plus elles !


Testostérone : les risques
Les risques cardiovasculaires augmentent avec la testostérone, cinq fois par rapport à une femme et 2,5 fois par rapport à un homme du même âge. Les endocrinologues ont un rôle particulier : ils doivent surveiller les taux et les effets secondaires, mais dans un but qui est celui de modifier l’apparence physique. La dysphorie de genre ne fait plus partie de l’évaluation.
Les effets sont irréversibles, au moins pour la voix et la pilosité. Les effets secondaires peuvent être des douleurs musculaires, des crampes dues à l’endométriose, une sudation augmentée, des sautes d’humeur et de l’agressivité. A long terme les effets peuvent être le diabète, un infarctus, des caillots de sang, le cancer. De manière générale le risque de mortalité augmente. Le dernier risque est celui des piqûres faites avec retard, cela pourrait augmenter le risque de cancer utérin, en relançant la production de cellules utérines de manière anarchique. Une hystérectomie prophylactique est parfois recommandée.
Selon Shrier, aucune étude ne dit clairement que la dysphorie de genre et les pensées suicidaires
diminuent après la transition médicale.
L’étape suivant est donc la mastectomie.


La mastectomie
Shrier reprend les propos d’une femme médecin spécialisée dans les transitions adolescentes, qui affirme que si la personne change d’avis, on peut toujours lui remettre des seins. C’est faux, on peut lui mettre du silicone qui ressemble à des seins mais on ne pourra jamais lui remettre l’ensemble complexe de glandes et de tissus qui constituent un sein.
Elle s’entretient avec un médecin de Toronto qui affirme opérer également les personnes non-binaires qui souhaitent avoir un torse plat. Il ne tente pas de comprendre les patientes, mais d’accepter leur demande et la manière dont elles se sentent.
Il y deux manières d’opérer, dans les deux cas la sensibilité de cette zone devient moindre. Shrier note que quand une personne n’a plus de seins, ses hanches paraissent plus larges et elle se demande dans quelle mesure cela n’augmente pas la dysphorie de genre.


La phalloplastie et la métaidoïoplastie
Selon une étude de 2015, seuls 3% des personnes transgenres ont eu recours à ces opérations et 13% envisagent d’y avoir recours. Shrier met en garde contre les risques et les chirurgiens non compétents pour cette opération très délicate.


Blake
L’histoire d’une phalloplastie ratée avec des conséquences dramatiques
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La testostérone est un médicament dont la distribution est contrôlée, les actes chirurgicaux qui
détruisent des capacités biologiques sont censés être aussi contrôlés, comment peuvent-il être
effectués sur simple demande du patient ?
Une partie de la réponse est dans le Affordable Care Act américain de 2010, qui interdit toute discrimination dans les soins basée sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle. Ce qui signifie que si l’assurance maladie fournit un traitement hormonal pour les personnes cis (comme une pilule contraceptive), elle doit le faire également pour les personnes transgenres. Si l’assurance rembourse les réductions mammaires, elle doit aussi embourser les doubles mastectomies.
Le coût est donc devenu invisible pour les patients, ce qui a rendu les transitions en apparence
beaucoup plus simples et abordables. Dans certains états comme l’Oregon les hormones de
substitution sont même couvertes par Medicaid. Les médecins sont devenus des fournisseurs de
services médicaux et les instances internationales comme la WPATH sont devenues des lieux pour vendre des services ou une tribune pour les activistes.
Les médecins ne sont plus des contrôleurs d’accès (gatekeepers – une insulte pour les activistes trans) mais encouragent les transitions. Les freins ne semblent plus exister pour ces adolescents qui seront sous médicaments toute leur vie, avec un corps modifié et personne pour les arrêter à temps.


Chapitre 10 : Le regret
Benji
C’est ’histoire de Benji, une jeune fille précoce, anxieuse, musicienne de talent. A 9 ans, sa puberté démarre, elle devient anorexique, une dépression est diagnostiquée. Elle est soignée pour sa dépression, mais l’environnement familial est instable et maltraitant. A 13 ans elle découvre les influenceurs trans sur YouTube et se reconnait dans ces personnes mal dans leur corps. Elle annonce qu’elle est trans sur Tumblr et reçoit des centaines de messages de félicitations et d’encouragement, beaucoup plus que jamais dans sa vie. Elle est trans simplement sur Internet, suivant les conseils d’adultes trans. Certains demandent du sexe en ligne, ce qu’elle accorde à ses 14 ans, par curiosité et aussi par que si elle refuse elle se fait taxer de transphobie. A 15 ans, elle est un garçon à l’école et une fille à la maison.
Les services sociaux l’envoient chez un thérapeute à qui elle avoue son secret, et qui lui dit « oui, vous êtes trans ». Elle porte un binder, traîne après l’école dans des groupes LGBT. Elle en parle comme d‘une secte, une manière de penser qui affecte tous les domaines de sa vie. Elle ne pouvait plus penser si une personne qu’elle rencontrait était un homme ou une femme avant que la personne ne le lui dise, car elle avait appris à penser de cette manière. Sa dysphorie de genre et sa dépression s’aggravaient, ses notes déclinaient.
Sa thérapeute a recommandé la prise d’hormones, ce qui lui paraissait être le chemin pour se sentir enfin mieux. La testostérone est une condition pour être un trans sérieux, les plus âgés en proposent aux plus jeunes. Certains décrivent une addiction à la testostérone.
Benji ne pouvait suivre sur internet que des personnes transfriendly et devait éduquer toute personne qui n’utilisait pas le bon vocabulaire. Elle habitait chez sa grand-mère, allait à l’université, avait un job. Elle a découvert à cette époque qu’elle était attirée par les femmes. En rendant visite un ami qui subissait une chimiothérapie, elle a décidé de ne pas entamer le processus médical. A 19 ans, elle a découvert les féministes radicales, qui elles aussi pouvaient souffrir de dysphorie de genre sans être trans. Aujourd’hui elle dit être une femme lesbienne et elle se demande comment aucun thérapeute n’a pu lui faire cette suggestion simple.


Helena
Helena, après une enfance heureuse, est devenue très isolée au collège. Elle a pris beaucoup de poids et a été happée par les sites pro-ana sur Tumblr où « une maladie devenait une identité ». De site en site, elle est passée chez les social justice warriors (SJW) pour atterrir devant des heures de vidéos de personnes trans qui partageaient leur quotidien. Ne pouvant se sentir féminine selon les critères d’Instagram, elle a adopté tout le vocabulaire de la communauté LGBTQ et a trouvé de nouvelles amies au lycée.
Elle fait son coming-out sur Tumblr et se découvre plein de nouveaux amis. Elle n’est plus une fille blanche parmi d’autres mais une héroïne. En terminale elle annonce à sa mère qu’elle est trans, en lui servant l’histoire de « je l’ai toujours été ».
Pour ses 18 ans, elle a commencé la testostérone, après un bref entretien, et l’université en se
présentant comme un homme, avec un groupe d’amis trans. Le retour à la maison pendant les
vacances a été source de disputes, sa mère refusant d’utiliser son nouveau nom.
Elle a commencé à avoir des doutes mais tous ses amis trans lui ont dit que c’est parce qu’elle n’avait pas encore été opérée. Elle restait triste et déprimée. Puis elle a vu une photo d’elle une année d’avant et a eu un choc. Elle ne se reconnaissait plus, elle allait mal et elle a tout remis en question. Elle se bat encore aujourd’hui contre la dépression et l’anorexie.
Les détransitionneuses que Shrier a rencontrées expriment toutes des regrets et elles tentent de vivre avec cette voix trop grave et ce corps ni homme, ni femme. Elles auraient toutes souhaité que l’on prenne en compte leur jeunesse, et Shrier reprend la phrase « les enfants savent qui ils sont » comme moyen de faire beaucoup d’erreurs. Les enfants ont une idée de qui il sont, mais cela est transitoire.
La détransition est possible et de plus en plus fréquente.


Chapitre 11 : Le retour
Shrier rencontre Buck Angel, un trans F to M producteur de porno. Shrier pense que ces adolescentes sont finalement très seules, avec une connaissance du sexe par le porno et non par la découverte mutuelle et maladroite avec des garçons de leur âge.
Shrier pense que les femmes envient les hommes à tort, que nous avons d’une certaine manière
internalisé leur supériorité. Elle propose également que les femmes arrêtent de se dénigrer entre
elles.


Que faire
Selon la thérapeute Sasha Ayad :

Ne pas donner de smartphone à son enfant

Ne pas renoncer à son autorité en tant que parent

Ne pas soutenir l’idéologie du genre dans l’éducation de l’enfant à l’école

Remettre en place une forme d’intimité à la maison, on ne partage pas tout sur les réseaux
sociaux

Arrêter de pathologiser le fait d’être une fille

N’ayez pas peur d’admettre qu’il est merveilleux d’être une fille
Elle finit en rappelant qu’elle n’a rien contre les personnes transgenres, que son livre concerne des adolescentes et non les personnes adultes qui savent prendre des décisions.

Pour info, nous sommes maintenant sur instagram (ypomoni_france), facebook (Ypomoni France) et twitter (YpomoniFrance).

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