Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Lale Gül ou les failles de l’intégration à la néerlandaise

D’origine turque, la jeune écrivaine raconte le douloureux tiraillement de jeunes filles entre leur famille ultraconservatrice et la société libérale néerlandaise.

Par  (Bruxelles, correspondant)

Publié le 12 mai 2021 à 00h11, modifié le 12 mai 2021 à 23h16

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

L’écrivaine néerlandaise Lale Gül à Amsterdam, en 2020.

LETTRE DU BENELUX

C’est presque la version décalquée de l’histoire racontée récemment par Claire Koç, cette journaliste de France Télévisions, née en Turquie et qui a grandi en France. Sauf que celle qui s’appelait au départ Cigdem s’est choisi un prénom français, ainsi qu’elle le raconte dans son livre (Claire, le prénom de la honte, Albin Michel, 208 pages, 17,90 euros), tandis que la Néerlandaise Lale Gül n’a, elle, pas songé à en changer.

Pour le reste, la trajectoire des deux jeunes femmes se révèle étonnamment proche : rupture avec une famille turque enfermée dans ses croyances et refusant obstinément l’émancipation, lutte contre l’obscurantisme et le communautarisme, plaidoyer vibrant pour la liberté avec, comme corollaires, les insultes et les menaces.

A 23 ans, Lale Gül a surgi comme un OVNI dans les médias néerlandais et les nombreux talk-shows de la télévision. Les Pays-Bas, qui ne cessent de s’interroger sur l’intégration et semblent revivre à intervalles réguliers le « drame multiculturel » évoqué, en 2000, par le sociologue Paul Scheffer, semblent déconcertés par son récit, intitulé Ik ga leven (« Je vais vivre », Prometheus, non traduit).

Pressions et menaces

Dans ce pays qui subventionne des écoles coraniques, qui accepte très largement le port du voile et où la gauche sociale-démocrate accueille sans trop de complexes les voix de Turcs ultraconservateurs, le principe de la tolérance est aussi, souvent, celui de l’indifférence pour ce qui se déroule réellement dans les communautés étrangères.

Lale, qui a vécu à Kolenkit, un quartier difficile d’Amsterdam, occupe aujourd’hui une chambre d’hôtel. Ses parents ont coupé tous les liens avec elle, même s’ils n’ont pas lu l’histoire de Büsra, l’héroïne du roman très autobiographique de leur fille. Sa mère est analphabète et croyait qu’elle écrivait des histoires d’amour ; son père manie mal la langue néerlandaise, mais se fie à ce qu’il a entendu sur YouTube : un faux résumé, en langue turque, du livre. Et puis, lors de ses visites à la mosquée et ses tournées de facteur, il est interpellé sur les prétendus outrages de sa fille. Alors, il a – en vain – intimé l’ordre à celle-ci de ne plus parler à aucun journaliste, au nom du « respect de la vie privée » de sa famille.

Le frère de la jeune romancière a, lui, maintenu un moment sa relation avec elle. Il savait s’interposer quand le père menaçait de frapper Lale, mais il n’a pas pu résister aux pressions de ses connaissances, fâchées que sa sœur ait osé décrire un rapport sexuel. Elle voulait, par là, signifier qu’une femme a autant le droit qu’un homme au plaisir charnel. Dans la fratrie, il y a aussi une petite sœur, que Lale espère revoir un jour, si du moins elle peut choisir le chemin de l’émancipation.

Il vous reste 52.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.