Plus de 35.000 femmes et filles sont excisées ou à risque de l'être en Belgique
Les femmes ayant subi une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes sont au nombre de 23.395 sur le territoire belge, estime une étude de prévalence commanditée par le SPF Santé publique et l'Institut pour l'Égalité des femmes et des hommes, présentée mardi à la presse en présence de la secrétaire d'État à l'Égalité des genres, Sarah Schlitz. L'étude, réalisée par deux chercheuses, une médecin démographe et une sage-femme docteure en Santé publique, conclut également que plus de 12.000 filles ou femmes habitant en Belgique sont "potentiellement à risque d'excision" de par leurs origines.
Il s'agit de la quatrième étude sur le sujet. La dernière en date, qui reposait sur des données de 2016, estimait à 17.575 femmes "très probablement excisées" et 8.342 filles "à risque d'excision". Leur nombre est en augmentation constante depuis le début du monitoring en 2007. "Cela veut dire que notre pays respecte la convention de Genève" et continue à accueillir les personnes qui en ont besoin, relève Fabienne Richard, l'une des chercheuses. "La migration continue et les personnes migrantes sont souvent plus jeunes et font donc des enfants.”
Les femmes habitant en Belgique et supposées excisées ou à risque de l'être sont en premier lieu originaires de Guinée, de Somalie et d'Égypte.
Elles vivent majoritairement en Flandre (16.089), dans une moindre mesure à Bruxelles (7.989) et en Wallonie (9.784). Les autres femmes prises en compte dépendent de centres Fedasil ou sont en situation irrégulière.
Les provinces d'Anvers et Liège, ainsi que la Région de Bruxelles-Capitale, sont les zones qui accueillent le plus de femmes et filles victimes d'excisions ou à risque de l'être.
Plus d’un tiers sont mineures
Parmi les quelque 35.000 femmes et filles concernées sur le territoire, plus d'un tiers sont des mineures. "Il y a un besoin crucial d'informer et de sensibiliser" les communautés concernées, surtout à l'approche des vacances qui sont une période à haut risque avec les retours au pays d'origine, alerte Fabienne Richard.
Parmi les autres recommandations découlant de l'étude, les chercheuses estiment également nécessaire d'instaurer une trajectoire MGF (mutilations génitales féminines) pour les familles venues en Belgique par regroupement familial. Plus globalement, "il faut une politique uniformisée dans toutes les écoles pour identifier précocement toutes les formes de violences sexuelles faites aux enfants", estiment-elles encore. Côté soignants, la thématique des MGF doit être intégrée à leur cursus, mais aussi être un thème de leur formation continue. Les chercheuses pointent notamment le fait que, par méconnaissance de la problématique, de nombreux médecins pratiquent notamment des césariennes inutiles sur les femmes excisées.
"Ces études sont indispensables" pour que les décideurs politiques puissent ancrer leur travail sur les réalités du terrain, a souligné la secrétaire d'État Sarah Schlitz, en annonçant par la même occasion deux prochaines campagnes de sensibilisation. L'une pour mieux faire connaître les deux centres accrédités offrant une prise en charge globale des femmes excisées (CeMAViE au CHU St Pierre de Bruxelles et la VrouwenKliniek de l'UZ de Gand) ainsi qu'une autre de prévention à l'approche des départs en vacances, souvent synonymes de retour au pays.
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