Lunettes noires et bouche ouverte, Liam Gallagher éclate de rire. Sur sa droite, son grand frère, Noel, tourne la tête vers les étoiles. Et sous leurs gueules, grandes comme deux hommes, poussent des herbes folles qui pigmentent un bitume las d’être là, couvert de feuilles mortes depuis des mois et d’une chaise en plastique aux jambes brisées. Derrière cette peinture murale des deux leaders d’Oasis, qui décore les briques d’une contre-allée menant à des portes de garages rouillées, se cache un magasin de disques : Sifters Records. Ce vendredi, l’établissement ouvert en 1977 près de la gare de Burnage, au sud de Manchester, est plein comme jamais. Car le calendrier l’annonce : la date est le 11 juillet 2025, celle du premier concert des frères Gallagher dans leur ville natale depuis juin 2009. À l’intérieur, des fans venus du Japon, du Brésil et de Berlin font la queue en attendant d’échanger avec le propriétaire. Agé de 77 ans, Pete Howard paraît aussi lessivé que les posters aux couleurs fanées qui tapissent ses murs. Pourquoi lui demande-t-on des autographes ? Simplement parce qu’il est « Mister Sifter », un personnage cité dans les paroles de Shakermaker, le deuxième single de l’histoire d’Oasis, sorti en juin 1994. « Les deux frères venaient ici quand ils étaient ados, explique-t-il, dans son polo rayé. Jamais ensemble ! Alors on bavardait un peu. » Il marque une longue pause, ébahi d’avoir égaré un sachet de piécettes dans sa bordélique arrière-boutique. « Pour être honnête, je n’aime pas particulièrement cette chanson, reprend-il. Elle ne veut pas dire grand chose… Au début, je pensais que c’était une blague. Mais plein de gens l’adorent ! »