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Les cinq marchés qui innovent dans la foodtech

Protéines alternatives, nourriture personnalisée, distribution… les investisseurs soutiennent l'innovation des start-up en se ruant sur une poignée de segments. En jeu, l'avenir de l'humanité et sa capacité à nourrir 10 milliards d'habitants en 2050.

Parmi les alternatives de demain, Gourmey, une start-up française, propose un foie gras élevé grâce à une technologie d'agriculture cellulaire.
Parmi les alternatives de demain, Gourmey, une start-up française, propose un foie gras élevé grâce à une technologie d'agriculture cellulaire. (vichie81/iStock)

Par Guillaume Bregeras

Publié le 25 oct. 2021 à 17:00Mis à jour le 25 oct. 2021 à 17:20

La foodtech, c'est l'association des contraires. D'un côté, des start-up travaillent sur la manière dont l'on pourra continuer à nourrir une population toujours en croissance. Et de l'autre, de jeunes pousses se battent pour livrer des courses en moins de dix minutes au domicile de leurs clients… Dans les deux cas, les investisseurs se passionnent pour ce vaste secteur qui a réuni 17 milliards de dollars dans le monde en 2020 et dans lequel l'Europe doit aussi faire entendre sa voix. Mais quelles tendances émergent dans le sillage d'une crise sanitaire qui a rebattu les cartes ? C'est ce que détaille un rapport du DigitalFoodLab.

1. Le vrai décollage des protéines alternatives

Avec l'accroissement de la population mondiale qui devrait atteindre les 10 milliards d'êtres humains en 2050, et des ressources naturelles en tension, la nécessité de trouver de nouvelles sources de protéine est une urgence. Les start-up se positionnent de manière très différente. Certaines misent sur l'agriculture cellulaire comme Gourmey en France , ou Solar Foods, une pépite finlandaise qui convertit le CO2 en protéine grâce à un procédé de photosynthèse. « Une dizaine de start-up se sont positionnées sur ce créneau, raconte Matthieu Vincent, cofondateur du cabinet d'étude et de conseil DigitalFoodLab. Elles totalisent 100 millions d'euros levés, mais leur enjeu est désormais d'en rendre le coût acceptable pour s'industrialiser », ajoute l'expert foodtech.

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D'autres, comme l'Américain Perfect Day, se prépare à révolutionner leur industrie. Cette dernière, qui créée de la protéine laitière végétale, vient de lever 350 millions de dollars et prépare son introduction en Bourse pour l'an prochain. Basée sur un procédé de fermentation capable de transformer du sucre de canne en protéine végétale, sa technologie permet de proposer l'ensemble des dérivés de produits laitiers comme le fromage, les yaourts ou les glaces.

Mais ces entreprises font face à des lobbys agricoles très puissants, et leur avenir dépendra aussi de la manière dont ils arrivent à s'imposer auprès du grand public, estime Matthieu Vincent : « Aux Etats-Unis, tout le monde se focalise sur la viande, avec des actions comme l'interdiction d'utiliser le mot saucisse pour ceux qui en créent à partir de source végétale par exemple. Je pense que pour cette raison, celles qui proposent des alternatives dans l'industrie laitière seront les premières entreprises à changer leur marché. »

2. La révolution agricole

Probablement aucun métier n'aura subi autant d'évolutions que celui d'agriculteur. Et ce n'est pas fini. De nombreuses start-up travaillent par exemple sur les semences du futur qui auront un impact sur la production puis les produits proposés dans les plats. « L'Israélien InnovoPro planche sur le pois chiche en utilisant de l'IA pour déterminer quelle est la bonne séquence ADN à utiliser pour obtenir un produit sans le goût amer actuel.

Aujourd'hui, créer une protéine végétale demande tellement de process qu'elle perd beaucoup en qualité nutritionnelle », souligne le rapport. Dans ce domaine, les investissements sont lourds et demandent du temps pour valider leur modèle. Ainsi, AeroFarms qui développe des fermes verticales aux Etats-Unis, vient de voir son introduction en Bourse via un SPAC (special purpose acquisition company) annulée il y a une dizaine de jours.

3. La distribution en ébullition

Si le quick commerce semble avoir aspiré la plus grosse part des capitaux disponibles sur le segment de la distribution, d'autres propositions émergent. L'Allemand Vytal propose par exemple tout un concept d'emballages réutilisables pour les clients toujours plus nombreux des « dark store » et restaurants proposant des plats à emporter. Il se base sur un système de consigne via une application et vient de débarquer en France.

Pour Matthieu Vincent, ce type de service, comme celui de la livraison, démontre à quel point les acteurs traditionnels sont en train de perdre le match face aux jeunes pousses : « Les acteurs de la grande distribution ne savent pas miser 10 millions d'euros pour aider une innovation à voir le jour. Ce n'est pas dans leur culture et pour certains sujets, comme la livraison, c'est déjà trop tard. »

4. Une nouvelle vague de robotisation

La technologie permet d'envisager l'impensable : il serait tout à fait possible de construire une chaîne où le produit final chez un consommateur n'aurait jamais croisé un humain depuis l'ensemencement jusqu'à sa livraison.

« C'est effectivement possible intellectuellement de l'imaginer, même si je ne pense pas que cela va se concrétiser tout de suite, assure l'expert. En revanche, cela prend forme pour certains segments comme Plenty le prouve avec sa production de salades entièrement automatisée ».

5. Le rêve d'une nutrition personnalisée

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Des cinq tendances, c'est celle dont le signal est encore le plus faible. Pourtant, elle commence à générer une kyrielle de start-up proposant des services comme l'analyse du microbiote, comme Nahibu en France et Viome outre-Atlantique. Ces dernières permettent de mieux comprendre notre état interne afin de déterminer quels sont les aliments les mieux adaptés.

« Désormais, certains vont plus loin, comme Zoe au Royaume-Uni, qui fait des recommandations et propose des plans alimentaires en adéquation avec l'analyse du microbiote, note Matthieu Vincent. Nous en sommes encore qu'aux balbutiements, mais on commence à voir le sujet monter et l'appétit des investisseurs augmenter ».

Guillaume Bregeras

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